Le 12 mars 1272, sur ordre du roi de France Philippe le Hardi, le sénéchal de Carcassonne, Guillaume de Cohardon fonde la bastide, au pied du puech de Caylou.
Des colons arrivent de Montolieu et de Montréal (dans l’Aude), pour peupler la nouvelle ville.
Le nom de Réalmont, auquel on donne l’étymologie « Mont Royal », pourrait venir de la simple inversion des syllabes de Montréal, les colons issus de cette ville étant les plus nombreux.
La charte de fondation précise que la ville est créée pour « extirper l’hérésie » et favoriser le rayonnement de la foi catholique. A proximité de Lombers fief cathare, elle est édifiée sur des terres confisquées par Simon de Montfort au Sieur de Boissezon convaincu d’hérésie.
Dans les années qui suivent sa fondation, les habitants dotent progressivement leur ville de fortifications, faisant de Réalmont la place la plus forte de l’Albigeois.
Au cours des siècles, le visage de la bastide Réalmontaise a connu de nombreuses modifications. La rigueur de l’aménagement urbain reste cependant visible dans le tracé perpendiculaire de ses rues, la séparation des différents quartiers, sa place, où convergent les voies d’accès, bordée d’un double rang de couverts.
Notre Dame du Taur
C’est l’ancien temple réformé datant du début du XVIIeme siècle, qui devient, en 1628, église « Notre- Dame du Taur.
La communauté catholique agrandit, transforme et surtout consolide l’édifice au fil du temps.
La porte, percée dans le mur de façade est la porte originelle du temple, seule l’inscription qui la surmonte, est rajoutée par les catholiques. Au-dessus s’élève le clocher quadrangulaire construit entre 1709 et 1712 qui remplace les piliers rustiques soutenant les cloches.
La nef est divisée en 4 travées et présente de chaque côté 4 chapelles richement ornées, voûtées en plein cintre. Les arcs doubleaux qui marquent chaque travée reposent sur les pilastres qui forment la séparation des chapelles.
En 1784, Le cardinal d’Albi, Pierre de Bernis, offre un retable, qui est placé dans le chœur.
Il se compose de 6 colonnes corinthiennes de marbre grenat, qui supportent un baldaquin doré avec une gloire au sommet : la grande toile de fond représente le Christ en croix.
Au cours du XIXeme siècle, la communauté continue d’agrémenter la décoration de son église, en achetant de nouveaux tableaux de grandes dimensions qui représentent des scènes de la vie de la Vierge, l’annonciation, l’assomption….
Au XXeme siècle, les peintures de Lala Gaillard qui ornent la voûte de la nef, viennent parachever l’œuvre commencée deux siècles plus tôt.
Le lavoir public
Le lavoir public, situé en bordure du ruisseau « le Blima » a subi plusieurs transformations depuis sa création notamment en 1880 où il faisait fonction tant de lavoir que d’abreuvoir pour animaux, cette dernière partie a disparu par faute… d’animaux.
Le Blima prend sa source à la Bartié-basse dans la commune de Ronel et termine son cours 10 kms plus loin à Cantereine dans le Dadou.
La Fontaine de la Fréjaire
D’abord appelée la grande fontaine des cordeliers (la maison des frères était voisine), la fontaine édifiée en 1652 prend ensuite le nom de Fréjaire ou Fréjère, nom générique dans le pays de tous les points d’eau exposés au Nord. Elle est inaugurée en 1653 par Daniel Guérin de Bouscal premier consul de Réalmont. La cité possède de nombreux puits mais c’est la première et la seule fontaine publique du village.
On y accède par un large escalier de 18 marches. L’eau amenée dans un reservoir alimente trois griffons qui chantent à pleine voix.
Sur le fronton était gravé un écusson portant au sommet la date 1652. Au dessous deux écussons, celui de gauche représente les armes de Réalmont.
Le temple
Les premières idées réformistes se manifestent ouvertement au sein de la communauté réalmontaise autour de 1550.
Le culte, à partir de 1551, est public ; il est célébré dans la grande salle du fort Esquin (coteau du Caylou), sous la protection d’une garnison protestante.
En 1609, un nouveau temple est construit sur la place centrale, face à la maison de ville, qui en est séparé par le couvert obscur. Plus grand que le précédent, sa construction témoigne de la place prépondérante de la communauté réformée. Il est rendu au culte catholique après le siège de 1628 et la perte de la ville par les protestants.
Il faut attendre l’Edit de Versailles de 1787, pour que les réformés retrouvent le droit de vivre dans le royaume et d’y exercer librement un métier (à cette occasion un cimetière est ouvert pour les protestants à Réalmont).
Réalmont, la Ville Heureuse
Louisa PAULIN
2 décembre 1888 - 23 avril 1944
Née à Réalmont, le 2 décembre 1888, d’une famille modeste d’origine terrienne, Poète intimiste, ses poèmes qui associent la nature à l’expression des sentiments peuvent émouvoir le cœur de tout homme quelle que soit sa race ou son pays.
Poèmes de Louisa Paulin
Je voudrais bâtir une ville heureuse avec des arbres et des eaux,
de grands arbres serrés sur de secrets oiseaux
comme dans nos vieux livres d’images quand nous étions des enfants sages, de ces arbres gonflés d’étranges sèves
et qui savaient nourrir et bercer tous nos rêves.
Avec des rues comme des nids tout en rumeurs où la vie coulerait dense et généreuse
pour tous ceux qui ont peur du bruit de leur cœur,
avec de très hauts ciels et des espaces purs
charriant de l’azur
et des cargaisons de nuages au bord de lentes plages,
des solitudes claires
pour les silencieux, pour tous ceux
qui ne savent pas replier leurs ailes.
Je voudrais bâtir une ville heureuse et qui déferlerait joyeuse
tout autour de la terre.
L’on n’y verrait que de beaux visages pareils et divers comme ceux des dieux Et qui semblent porteurs de messages Mélodieux.
Où êtes-vous, les hardis bâtisseurs, vous qui saurez vaincre sans armes
et qui naîtrez de quelques fiers rêveurs et de toutes nos larmes.
La ville heureuse, Poème de Louisa Paulin
Soscarem, dins la nèit, a de sorgas perdudas, borrons d’aiga e musicalas flors de lutz
que jamai, jamai plus,
vos vestiran d’amor, ò pauras tèrras nudas ! Miracle del silenci, de l’aiga, de la lutz,
ò belòias perdudas !
qun vent vos a begudas,
ò vos, sorgas perdudas que podètz plus florir ?
Soscarem, dins la nèit, a de sorgas perdudas
e pauserai mon front sus tas bèlas mans nudas…
Mas lagremas, tant-pauc, las veiràs pas florir.
SOSC, Poème de Louisa Paulin